Marque de légende

Publié le par Plumette

Moleskine, la réalité d'un mythe ?

 C’est le carnet légendaire d’Hemingway, Picasso, Chatwin ,  à la  couverture en moleskine, cette toile de coton revêtue d’un enduit mat ou vernis qui imite le cuir. Une matière et un mot qui fleurent bon les années 50, le luisant des banquettes de café et les articles de papeteries d’un autre âge.

Moleskine est présenté comme le calepin mythique qui accompagna les artistes intellectuels des deux derniers siècles : de Van Gogh à Matisse, des avant-garde historiques à Ernest Hemingway. Fidèle compagnon de voyage, il a accueilli les esquisses, les notes, les histoires et les inspirations de chacun avant qu’elles ne deviennent les célèbres images ou pages des livres que nous aimons.

 Bruce Chatwin, l’écrivain baroudeur anglais, faisait toujours une bonne provision de ces carnets avant de partir en voyage. A chaque passage à Paris, il dévalisait la papeterie où il avait ses habitudes, rue de l’Ancienne-Comédie. Depuis des années, il avait coutume de numéroter les pages avant même de commencer à s’en servir. A l’intérieur de chaque moleskine, il écrivait aussi son nom et au moins deux adresses dans le monde avec la promesse de récompenser celui qui le lui rendrait si un jour il le perdait.

 

En 1986, le cher carnet, que la papetière commandait à une « petite entreprise familiale de Tours », devient introuvable, le patron de la fabrique est mort et ses héritiers ont vendu l’affaire, « le vrai moleskine n’est plus ».

Ainsi  s’ élabore le mythe, se plante le décor de la légende que d’autres vont fort habilement et opportunément cultiver.

Modo & Modo, entreprise milanaise spécialisée dans les accessoires de voyage, a choisi de miser sur l’histoire et la mythologie pour relancer le carnet en  « peau de taupe » ( de l’anglais moleskin, qui signifie « peau de taupe »). Ainsi, l’anonyme calepin de moleskine devient « le » Moleskine , marque déposée. Et reçoit en héritage deux siècles d’histoire littéraire et artistique.

Une édition spéciale de Moleskine a été proposée avec succès par le Musée Van Gogh d’Amsterdam, à l’occasion de la grande exposition consacrée à l’artiste. La couverture en couleur est en shantung de soie, inspirée des chromatismes de Van Gogh. Un détail de tableau célèbre est reproduit sur le bandeau qui l’entoure. A l’intérieur, un encart avec des notes sur les œuvres et les carnets de l’artiste.

 Sur les sites web, blogs, forums de discussion… Moleskine alimente les conversations électroniques avec  le sentiment de perpétuer une tradition littéraire et artistique. Internet devient le lieu où des dessinateurs partagent avec d’autres les créations qu’ils ont réalisées dans leur carnet.

L’initiative la plus originale est due au site www.moleskinerie.com, initiateur du projet « Moleskine vagabond ». L’idée est simple : à Tokyo, San Fransisco ou Sydney, un participant reçoit un carnet par la poste, il en remplit une page selon son inspiration, la scanne, la met en ligne, puis envoie l’objet au participant suivant. Aujourd’hui 19 Moleskine circulent autour du monde.

Moleskine, marque de légende, est devenu le témoin du nouveau nomadisme contemporain et un carnet qui voyage tout seul.

Publié dans plumes-et-crayons

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Z
J'en ai un aussi.
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P
Tiens je savais pas que ca s'appelait comme ça ! Merci pour cette page d'histoire :o)
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F
Ha ben je ne connais pas ce mythe du carnet qui voyage tout seul... Il doit-être dans un état ;o))))<br /> Bisous Plumette et merci pour cet info ,)<br /> Bonne journée !
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L
merci plumette, il y a des amis qui nous aident ,malgrès tout ,je trouve que chaque personne a un bon coeur !!<br /> l'ombre/
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M
cela faisait longtemps que l'on entendait plus parler de cette matière, comme quoi tout revient.<br /> Sympa de nous le rappeler, je l'avais oubliée.<br /> Marie
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